Cette séance ne nécessite pas de fiche outil, juste un tableau et des ordinateurs connectés à Internet. Elle a été réalisée avec une demi-classe d’élèves de 6°, après avoir vu ce qu’étaient Internet, le Web, le vocabulaire et l’histoire d’Internet, ainsi que l’évolution des inventions technologiques et médiatiques de leur quotidien depuis la création de l’ordinateur.
Objectifs :
- Prendre conscience de la notion "d’espace virtuel" d’un site Web
- Savoir se représenter mentalement un espace virtuel
- Comprendre qu’un site Web est construit selon des stratégies réfléchies
L’origine de cette séance :
Durant la séance sur l’explication de ce qu’est le Web soit des milliards de page web connectées entre elles par des liens hypertextes , j’ai demandé une fois à mes élèves : « D’après vous, peut-on aller au bout du bout du Web ? Le Web est-il un espace infini ou limité ? Peut-on se retrouver un jour face à un « mur », une page web sans aucun lien hypertexte pour en sortir ? ».
J’ai également remarqué qu’une bonne partie de mes élèves de 6° confondent les limites de leur écran avec celles de leur page web (largeur et hauteur). Ils n’utilisent pas la mollette de la souris pour monter ou descendre leur page Web et passent à côté d’une partie de l’information publiée.
Or, en y réfléchissant, on peut comparer un site web à un espace en 3D : largeur, hauteur et profondeur (les liens hypertextes).
J’ai donc réalisé cette séance en fin de progression afin que les élèves de 6° puissent modéliser un site Web comme un espace en 3D, un espace à l’image de leur réalité.
Déroulement de la séance :
1. Brainstorming des sites web qu’ils connaissent ou utilisent
2. Typologie de ces sites réalisée au tableau.
Je me suis inspirée de celle d’OdysséedLN
Voici quelques noms donnés par les élèves :
- sites institutionnels : éducation nationale, ENT,
- sites commerciaux : différents noms de sites marchands sont donnés par les élèves ...
- sites collaboratifs : wikipédia
- plates formes : youtube, deezer
- réseaux sociaux : facebook, cromimi, equideow
3. Les visites
J’ai sélectionné 1 site commercial, 1 site institutionnel (éducation.gouv.fr) et 1 site collaboratif (Wikipédia).
Chaque site était utilisé par 4 élèves qui avaient chacun leur ordinateur.
1ère étape : se promener sans but dans le site
Les élèves devaient cliquer 10 fois de suite sur un lien hypertexte, au hasard des pages web. Les élèves, tout en étant sur le même site, ont utilisé des liens différents, donc des chemins différents.
Très rapidement, tous les élèves qui étaient sur le site commercial ont dit « on tourne en rond ». Ils se retrouvaient tout le temps sur la page proposant les articles à vendre.
2ème étape : Sortir du site
Les élèves devaient cliquer 10 fois encore mais en essayant volontairement de trouver un lien hypertexte qui leur permette d’accéder à un autre site.
Site commercial : impossible
Wikipédia : oui (par les notes et références, et les liens externes)
Education.gouv.fr : oui
4. Réflexion avec les élèves : Pourquoi ne peut-on sortir du site commercial ?
Un site commercial est un « espace de vente », un magasin virtuel qui a pour but de vendre et donc de garder ses clients dans son espace de vente le plus longtemps possible.
A contrario, Wikipédia est une encyclopédie collaborative qui demande aux rédacteurs des articles de citer leurs sources. Celles-ci sont une plus-value quant à la véracité et fiabilité de l’information publiée. De plus, les articles proposent des « liens externes ».
Education.gouv.fr représente un ministère dont le but est d’aider l’internaute à accéder à des ressources ou des sites partenaires.
Les élèves ont découvert qu’il est possible de « tourner en rond » dans un site web, espace pourtant dit virtuel, sans mur. Cet espace est donc limité par la hauteur et la largeur de ses pages web mais aussi par un 3ème axe, la profondeur. Celle-ci est déterminée par le nombre de liens hypertextes et de leurs enchaînements hypothétiques pour accéder à l’information voulue. Ils ont pris conscience avec étonnement que faire « tourner en rond » le client est une stratégie.
Ainsi, l’espace virtuel du Web semble construit comme un ensemble de représentations mentales de la réalité comme un magasin (site commercial), une bibliothèque ou un CDI (wikipédia), un ministère (www.education.gouv.fr).
La séance a été réalisée avec des 6° donc la réflexion n’a pas été plus poussée. Elle aurait pu être associée à une séance sur la notion d’architecture d’un site Web.
Il me semble également intéressant de faire réfléchir les élèves de niveaux plus élevés sur la profondeur limite (3 clics) conseillée pour être indexée par Google Bot, le robot d’exploration de Google et associée au netlinking (les stratégies de liens utilisés dans les sites Web pour être référencés). Cette profondeur limitée associée à cette stratégie de liens permettent-elles encore la sérendipité ou la détruisent-elles ?
"Le comble de l’illusion de liberté serait atteint par l’interactivité : l’usager croit faire des choix, naviguer selon sa volonté, produire des itinéraires inédits là où il ne fait qu’exprimer les potentialités d’un programme". Christophe Genin, Maître de conférences à l’Université de Paris Panthéon-Sorbonne (2004)
http://www.archimuse.com/publishing/ichim04/0461_Genin.pdf
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