Par contre l’arrivée du Betamax fit rapidement évoluer les choses du point de vue pédagogique. Les nouveautés rendent inventifs. Même s’il n’y avait pas encore de camescope, le magnétoscope sonna le départ de quelques activités liées à l’information, dont on n’aurait jamais eu l’idée -ni la possibilité - sans lui.
Pour commencer, un collègue de français eut l’idée suivante.
Il nous faisait enregistrer les spots publicitaires à la télé. Puis il les projetait à ses élèves en coupant le son, et leur demandait de réécrire le texte d’accompagnement. Cela amusait beaucoup les enfants et donnait des résultats remarquables et fort intéressants. L’esprit inventif des gamins s’en donnait à coeur joie. Après quoi, on réengistrait sur le Bétamax en refaisant la piste son de chaque pub... et on projetait tout ça pendant une heure de classe au CDI. Le résultat était souvent du plus haut comique, et là aussi je regrette de n’avoir pas conservé quelques unes de ces réalisations. Les élèves en redemandait régulièrement.
Plus tard, j’ai eu l’idée d’enregistrer les journaux télévisés sur la première et la deuxième chaîne. Cela fournissait le sujet de passionnantes discussions sur la façon dont les rédactions abordaient la même information. Ce furent là mes premières armes et mes premières expériences en matière d’infodoc.
Car pour le reste, avec le sacro-saint fichier papier, il ne fallait pas compter faire des miracles en la matière.
Ce meuble rebutait les enfants, et feuilleter des fiches jaunies et poussiéreuses ne se révélait pas à l’usage, d’un abord très motivant. On se contentait alors de réaliser une sommaire initiation des élèves de 6° au maniement du fichier collégial.
Bien sûr, comme toujours, il y avait des travaux basés sur les documents papier, livres, revues, usuels, et beaucoup de classes revenaient régulièrement avec leurs professeurs. Francis organisaient souvent de nombreuses expositions sur tous les thèmes, et aussi de nombreuses expositions de peinture. Le plus gros travail avait été d’équiper les murs du CDI de cimaises capables de supporter le poids des tableaux. Certains en effet étaient très grands, et les cadres assez lourds. Ces expos me mettaient en transe, car les peintures étaient des originaux, nous n’étions pas assurés, et je craignais en permanence qu’il ne leur arrive malheur. Heureusement cela se passait toujours pour le mieux.
Enfin une dernière chose me revient à l’esprit en écrivant. Ce fut la réalisation d’une plaquette sur la flore de la garrigue nîmoise. J’en ai conservé un exemplaire. Nous avons réalisé cela au terme de nombreuses sorties en garrigue avec Marie Anne, notre collègue de SVT, qui devint par la suite une « informaticienne » invétérée !!
Mais pour en revenir à la plaquette, le plus gros travail pour nous fut l’impression, réalisée entièrement à la Gestetner !! Cet engin qui tenait lieu de photocopieur à l’époque, fonctionnait avec des matrices pelure, que la frappe sur machine à écrire permettait de perforer proprement de façon à laisser passer l’encre d’impression. C’était parfait pour des caractères frappés à la machine, encore que, je me souviens, nous conservions les pelures pour les réutiliser plusieurs fois, dans des cartons dégoulinants d’encre plus ou moins sèche !! Récupérer ça la fois d’après était un véritable travail d’artiste... pour ne pas se salir, et ne pas déchirer la fragile pelure...!
Quant à réaliser des dessins là dessus, il fallait toute la patiente technique de Francis pour y parvenir. Les pelures se déchiraient sous la pointe et il fallait recommencer tout le dessin.. Et l’impression elle même...! Le moins qu’on puisse dire est qu’il s’agissait d’un travail salissant : nous avions beau revêtir des blouses grises qui nous descendaient jusqu’aux talons, nous ressortions du local de la Gestetner teints et peinturlurés comme des iroquois, mais en monochrome !!
Cependant, la Gestetner fonctionnait bien et rapidement. Elle ne calait pratiquement jamais. Par contre c’était un gouffre à tubes d’encre, et il nous fallait en permanence soutenir des batailles sévères pour obtenir les achats nécessaires auprès des services d’intendance, afin de renouveler nos stocks.
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