Dénomination

(actualisé le )

« Voulez-vous être appelé : documentaliste-bibliothécaire/ bib-doc/ documentaliste/ docu/ enseignant-documentaliste/ e-doc/ professeur-documentaliste/ prof de doc/ cédéïste/ dame ou monsieur du cdi/ chef de service information/ responsable à l’information/ responsable du cdi/ mama doc (ou papa doc, pour les messieurs, mais historiquement c’est moins rigolo)/ autres (préciser). »

Telle était la question posée par Annick Plénacoste sur la liste E-Doc en décembre 2002. Plus de quatre-vingt collègues y ont répondu. Commentaires et résultats.

Bonjour à tous et à toutes, et vice-versa (avec ou sans tiret) !

Non, non, je n’ironise pas (pour une fois !) mais, certaines réponses au sondage laissent à penser que cela a une importance. Avant toute chose, je tiens à préciser que ce compte rendu et les commentaires qui l’accompagnent ne reflètent que mon opinion s’appuyant sur vos réponses. Il ne saurait engager personne d’autre et je vous prie de m’excuser par avance si j’ai mal interprété vos propos ... Toutes les citations extraites de vos messages sont entre guillemets.

COMMENTAIRES

J’avais lancé l’idée un peu par jeu, un peu parce que je suis persuadée qu’aucune dénomination n’est innocente, consciemment ou inconsciemment. Car, comme le dit Olivier dans sa réponse « Sans faire mon Lacan, il faut bien avouer que ces considérations de langage sont véritablement très importantes et signifiantes (c’est un point de vue qui mériterait d’être développé et surtout démontré, je sais, mais... j’y crois ! :-). Et il ne s’agit absolument pas là d’intellectualisme et encore moins d’ironie. Je suis persuadé qu’une grande partie de la reconnaissance de ce métier passera par sa dénomination COURANTE, et c’est pour cela que la contraction naturelle de l’expression est une question si délicate. »

Certains se sont demandé pourquoi (se) poser la question. " Nous existons en tant que « professeur documentaliste » (sans cet affreux tiret SVP), il faudra qu’on m’explique ce qui justifie aujourd’hui qu’on en change" dit Frédéric et, Vassilia précise « professeur-Documentaliste (j’ai passé un certificat d’aptitude au professorat du second degré de documentation). » S’il est exact que le Capes existe, et que le terme de professeur documentaliste (ou de documentation) soit parfois utilisé dans les textes administratifs, c’est le mot documentaliste, que l’on retrouve le plus souvent dans les textes officiels qui nous régissent depuis la « disparition » du terme bibliothécaire-documentaliste.

D’autant que le fait que le capes existe ne semble pas une évidence pour tout le monde ! "[Je suis] documentaliste en collège (et si questions, titulaire du capes de doc...) note Sébastien et Evelyne constate, "Hier encore pour les élections paritaires le principal m’a « gentiment » dit : « Ah oui, vous, c’est sur la liste des certifiés ! » Je crois que malheureusement on est à un tournant et qu’il faut le marteler et surtout se battre contre la surcharge de travail et obtenir de meilleures et de plus justes conditions de travail ! Et de promotion pour les plus jeunes, car pour moi c’est trop tard. Je crois qu’il y a une forte volonté de l’administration de nous voir arriver dans le giron vie scolaire !"

Le vrai enjeu de notre dénomination est là, me semble-t-il. Plus que dans les différences minimes qu’il peut y avoir entre professeur documentaliste (vote majoritaire) ou enseignant documentaliste (deuxième rang des votes exprimés) et qui signent pour une majorité d’entre nous la volonté d’être reconnus comme enseignants - « professeur documentaliste me convient bien, on dit plus le professeur d’anglais que l’enseignant d’anglais » fais remarquer Françoise - il faut se méfier des appellations qui nous mèneraient vers l’administration ou la vie scolaire (secrétaire, conseiller, adjoint à, directrice...) ou nous tireraient vers le schéma de l’entreprise privé (consultant en, technicien de), nous cantonnant à un rôle de technique, en bibliothéconomie, en maintenance ou à un rôle de chef de service ou de formateur. "On m’a appelé plusieurs fois la « Directrice du CDI » ! Sacrée promo... faut dire que les élèves m’ont vu former des TUC, CES, appelé du contingent, maîtres au pair, aide-éducateur... sans parler des stagiaires !" dit Annick (pas moi, une autre !)

« Pour moi ce sera : professeur documentaliste (avec ou sans tiret, au choix :-) » dit l’un, « sans hésiter, je suis professeur documentaliste et veut le rester ! Je suis même pour que la science de l’information et de la communication trouve sa place dans la formation des élèves et ceci dès le collège... ajoute Estelle. Edmond, lui, souhaiterait un peu plus de précision » professeur documentaliste (en BCD, CDI, BU, IUFM)" et une autre collègue justifie l’inversion « je préfére Documentaliste professeure. Car d’abord documentaliste, et suivant les endroits et les besoins, professeure ». Olivier, qui décidemment a bien réfléchi à la question propose, non sans humour, "professeur-documentaliste, dans un but « utilitaro-linguistique » ;-) En effet, j’aurais tendance à préférer du point de vue du sens et des références « enseignant-documentaliste », mais COMMENT donc l’abréger logiquement et intuitivement, ce qui dans le langage de tous les jours est franchement indispensable ? Déjà « documentaliste » est trop long, comme « professeur » d’ailleurs. « Prof » est sympa, pratique, adoubé par l’usage. « Doc » est pas mal, mais source de confusion possible avec les Doc...teurs - qui ne se souvient de celui, célèbre, qui sévit quelques temps sur les ondes radiophoniques ? - ! Bref, « professeur-documentaliste » peut donner « prof-doc », que je trouve très efficace d’un point de vue linguistique et communicationnel ! Bref, bref, bref, je vote pour « professeur-documentaliste » dans le but tactique de faire advenir « prof-doc » dans le langage courant."

Au Etats-Unis, nous dit MD de New York, on utilise les termes de School Librarian ou Media Specialist, il serait intéressant de savoir comment, lorsque la fonction existe, nous sommes appellés dans les autres pays et, surtout, de pouvoir comparer, les statuts aux appellations en parallèle avec les fonctions réelles.

Certains trouvent (3ème rang des votes) que documentaliste se suffit à lui-même "Les élèves et les collègues m’appellent généralement « la documentaliste » et je ne me formalise pas sur l’oubli du mot « professeur » (qu’est ce que je n’aime pas « professeurEEEE » !) . Depuis 7 ans dans cet établissement rural, j’ai montré, enfin je l’espère, que j’étais prof. Et il ne me semble plus nécessaire de le revendiquer haut et fort. Il faut dire que dès le départ j’ai été très sollicitée par mes collègues et les élèves car j’étais la 1ère documentaliste certifiée de l’établissement" dit Véronique. « Pour les profs je suis la DOC ! Documentaliste tout court ça me va très bien et ça ne me pose aucun problème... ça sous-entend tout ce qu’on fait » complète Annick. D’autres aimeraient garder ce terme en le précisant, par rapport au type d’établissement d’exercice : « la documentaliste du collège ».

Vous êtes nombreux à constater l’évolution des termes en fonctions des interlocuteurs "Pour l’administration, mes collègues et quand je me présente aux élèves, je veux être cependant « professeur-documentaliste ». Ensuite, je suis surtout madame F... pour les élèves et Régine pour les collègues. Ca me gonflerait si on me donnait mon titre à longueur de temps", Martine est du même avis « les élèves m’appellent par mon nom, les collègues par mon prénom (ça échappe parfois à qqs élèves aussi ;-) mais j’ai envie de dire que même qd on ne m’appelle pas, je viens ! ;-) ».

Grâce à vous j’ai enrichi ma collection de dénominations, des plus poétiques aux plus douteuses, suivant que l’on nous manifeste une certaine affection ou une indifférence certaine, voire du mépris : « Père Docu » Et certains jours on est content d’être un mec ;-)) (¡¡¡J’ai honte parfois !!!)" dit Michel, et il n’est pas le seul à me le signaler. Au passage, je ferais remarquer que je n’ai pas tout de suite compris la fine allusion, car moi je prononce « pèreudo-cu » et non pas « perdocu », c’est toujours ça l’avantage de vivre au sud !

« L’autre jour des élèves de 6è ont dit à leur prof de lettres qu’ils avaient travaillé avec la prof de bibliothèque. J’ai trouvé ça mignon et surtout mieux que cédéïste ou dame du CDI comme disent certains collègues en plaisantant » mais je ne sais pas si ça, cela fait plaisir à Sylvia, car comme le font remarquer d’autres collègues, cédéïste rime avec rmiste et dame du CDI avec dame pipi. Encore un avantage de vivre au Sud, chez moi les Monsieur et Madame Pipy sont légion et personne ni prête attention et dans l’Aveyron les dames pipi sont rares. "Mes chères têtes, pas si blondes, m’appellent la « cédéïste » ou « madame la bibliothèque » mais c’est plutôt affectueusement moqueur, je ne m’en plains pas." Comme quoi, tout dépend du contexte. "j’aimais bien « la prof des livres », c’est ainsi que m’appelaient les 6°" nous dit Lise.

Et vous m’avez aussi envoyé, glanés au cours de vos pérégrinations : la prof du CDI, Madame ou Monsieur CDI, la personne du CDI, la femme du CDI, la meuf du CDI, qui, avec la dame du CDI, madame bibliothèque ou la prof de bibliothèque déjà vus, montrent un trop fort attachement (à mon goût) de la fonction au lieu. Parmi les dangers qu’amène cet amalgame il y a bien sûr, celui d’anonymer notre fonction et de la réduire à la notion d’ouvreur de portes et de surveillant d’une salle. J’ai, par ailleurs, été ravie de voir que je n’étais pas la seule mama doc et qu’il y avait même un papa doc, termes affectueux s’il en est (à condition d’oublier les Duvallier !).

Comme je le disais au début de cette synthèse, le questionnement sur le nom est lié à la représentation que nous nous faisons de notre travail, ainsi qu’à l’image qu’en ont nos « partenaires », mais cette réflexion n’entraîne pas automatiquement le doute quant à ce que l’on veut : Régine complète son vote en ajoutant « Sinon, perso je sais ce que je veux : les mêmes droits que les autres profs : une agrégation, une inspection spécifique et la possibilité donc d’être inspecteur (en avoir le droit ne veut pas dire qu’on va passer l’agrégation ou se présenter comme inspecteur mais on a droit à promotion tout bêtement), une ISO complète, une baisse des horaires et deux docs par CDI. » Et je pense que cette déclaration, dans ses grandes lignes, est commune à nombre d’entres nous.

Alors était-il nécessaire d’organiser un sondage et d’y répondre ? Est-il significatif ? A vous d’en décider !

Je laisse le mot de la fin à Martine "ma citation du jour : « a-t-on vraiment encore besoin de mots sur cette planète Taire ? »

RESULTATS

Echantillon : 81 messages pour 73 Votes exprimés.
Je n’ai aucune idée de ce que cela représente par rapport au total d’adhérents à la liste.

J’ai retrouvé des « fidèles », prompt à s’exprimer sur la toile, des « connaissances » rencontrés autour de préoccupations communes, des « inconnus » et des « nouveaux » dont je n’avais pas encore aperçu la signature, merci à tous de vos réponses. Certains ont exprimé et ordonné plusieurs choix, je n’ai conservé que les deux premiers car comme ce n’était pas dit dans la « consigne », tout le monde ne l’a pas fait (c’est dur de choisir, hein ?) et, pour les mêmes raisons vous les trouverez séparés, à vous de choisir si vous les ajoutez par "familles"quel que soit leur rang et si vous trouvez cela significatif ou pas.

- Professeur documentaliste (dont 4 ou 5 professeure) (rang 1) 20, (rang 2) 4
- Professeur-documentaliste (dont 4 ou 5 professeure) (rang 1) 11, (rang 2) 1
- Documentaliste professeure (rang 1) 1
- Prof-Doc (rang 1) 1

Soit au total, par famille : (rang 1) 33, (rang 2) 5

- Enseignant documentaliste (rang 1) 6
- Enseignant-documentaliste (rang 1) 13, (rang 2) 4
- e-doc (rang 1) (rang 1) 1, (rang 2) 3

Soit au total, par famille : (rang 1) 20, (rang 2) 7

- Documentaliste (rang 1) 16
- Doc (rang 1) 1, (rang 2) 2

Soit au total, par famille : (rang 1) 17, (rang 2) 2

- Professeur (tout seul) (rang 1) 1
- Conseillère d’information (rang 1) 1
- Consultant en ressources documentaires (rang 1) 1

Annick Plénacoste, décembre 2002

P.-S.

Annick Plénacoste

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