Et la routine s’installa. Mes journées au collège se déroulaient toujours selon des itinéraires sans surprise bien que variés.
Je partais de la maison immuablement vers 7h15. J’arrivais au collège quasiment en même temps que le personnel de service et les femmes de ménage. D’ailleurs, dans les derniers temps, je n’avais plus les clés du collège, depuis qu’on avait mis une ouverture électronique avec sonnette et camera de surveillance pour éviter les irruptions intempestives. C’était les femmes de ménage qui m’ouvraient la porte. Mon premier travail était donc de les saluer et de causer un peu avec elles. J’étais aussitôt immédiatement informés des derniers bruits de couloir, et de l’atmosphère générale, ce qui, sans faire dans le voyeurisme ni le ragot, n’est pas dénué d’intérêt pour un documentaliste situé à une place stratégique dans l’organisation administrative des établissements.
Après quoi, les personnes chargées d’enlever cartons, poubelles et déchets divers du CDI venaient me demander ce qu’il fallait jeter exactement, car sur ma demande expresse, on ne jetait jamais rien sans m’informer auparavant, sauf quand arriva le grand chambardement de la rénovation...
Je me rendais ensuite dans la salle des professeurs éplucher le contenu de mon casier et de celui du CDI qui étaient séparés. Je faisais le tri et gardais alors sur moi tout ce que je désirais traiter moi même. Le reste, affaires courantes et routines diverses, je le déposais dans le casier CDI où mes aides documentalistes venaient le récupérer. Elles savaient parfaitement ce qu’il fallait en faire.
Les collègues commençaient alors à arriver, et j’en profitais pour discuter avec eux des travaux que nous menions ensemble, de mettre au point des dates de réunions, et de préparer les projets que nous devions mettre en chantier. Je procédais toujours de même à toutes les récréations. J’ai toujours contacté mes collègues oralement et je n’aui jamais trop cru à l’affichage. Il faut dire que le nombre des professeurs n’a guère dépassé quarante cinq, c’était donc humainement possible...
A la sonnerie de huit heures je grimpais dans mon antre, et je commençais à regarder mon courrier de près avec les C.E.S. Ou bien, il était possible que j’ai une heure d’initiation avec les élèves, auquel cas le courrier attendait. Les enfants d’abord évidemment. Mes collaboratrices avaient la consigne expresse de ne jamais me déranger lorsque j’étais avec les enfants, sauf cas exceptionnel. Les coups de téléphone attendaient... D’ailleurs quelquefois, le plus souvent possible, comme j’avais à cœur de former aussi mes aides doc, je leur demandais de venir assister aux séances. Elles prenaient des notes et récupéraient mes fiches de travail. Plus tard je les ai chargées de s’occuper des élèves lorsque j’étais là.... Mais, les choses étant ce qu’elles sont, l’institution leur demanda de s’en occuper aussi lorsque je n’y étais pas !! C’est pourquoi, a fortiori, il valait mieux qu’elles soient bien formées, et je n’ai ni remord ni scrupule à ce sujet. Il y a longtemps que j’ai compris qu’il faut nager lorsqu’on est jeté dans un courant dont on ne maitrise pas soi même le débit. J’ai toujours séparé nettement dans ma vie le travail et la politique. Le problème de fond des CES et des emplois jeunes est un problème politique... le problème de l’utilisation de ces personnes est un problème professionnel. Je ne leur ai jamais caché que j’étais opposé à ce que ces emplois existent. Mais j’ai toujours fait le maximum pour que cet état de fait leur soit profitable, à elles, mais aussi aux élèves et... au CDI. De toutes façons, me conduire en chef de service était aussi la seule solution pour pouvoir continuer à mener toutes mes activités de front, et je crois que tout le monde l’avait bien compris.
Lorsque je n’étais pas occupé directement avec les élèves qui se trouvaient au CDI, ou à une initiation à la lecture assistée sur ordinateurs, ou à une séance de RDAO (1), ou bien à une Table Ronde de Lecture, ou bien à corriger des fiches de travail ou vérifier des cahiers, préparer d’autres fiches, ou encore une installation matérielle quelconque (réseau, ordinateur, magnétoscope, caméscope, enregistrement, etc..), je réglais les problèmes de courrier avec mes filles.. Elles me parlaient aussi des problèmes qui avaient pu se poser en mon absence, et nous cherchions ensemble des solutions viables. Tout le reste de mon temps était occupé par deux choses : l’entretien du Nanoréseau, du réseau de PC du CDI, et la saisie de mon fonds documentaire.
A ce propos, et afin de rendre efficace le travail de CES, non spécialistes de la cotation, mais pleines de bonne volonté, j’avais mis au point un système spécial. Je leur demandais de faire une première saisie sans cotation, dans une base spécifique du logiciel que j’avais créée pour cela. Après quoi, je récupérais ce travail, et je n’avais plus qu’à vérifier et coter, puis à intégrer dans la véritable base, ce qui rendait mon travail beaucoup plus rapide et la collaboration efficace. En même temps, cela habituait les CES à utiliser un logiciel de gestion documentaire, à comprendre son fonctionnement, et donc à les rendre aptes à donner certaines explications aux enfants.
Entre treize et quatorze heures j’avais souvent des activités de Club (informatique) ou alors des réunions de coordination avec des équipes de collègues impliquées dans des activités diverses, comme la RDAO ou autres.
A 17 heures,, un jour sur deux je restais au collège, soit pour terminer un travail urgent, soit parce qu’une réunion nécessitait ma présence. Sinon, j’avais aussi d’autres réunions sur mon agenda, qui n’avaient plus rien à voir avec ma profession, puisque je suis resté pendant plus de douze ans soit conseiller municipal, soit maire adjoint d’une commune voisine. Tout cela me ramenait à la maison assez tard dans la soirée...
J’étais aussi absent du collège de temps en temps puisque j’ai été formateur académique à la Mafpen pendant plus de dix ans. Il est clair que le travail s’accumulait en mon absence, malgré la présence de mes CES... Je dis mes, car, pendant plusieurs années, il y en a eu deux.. ou un emploi jeune et un CES. Et je ne parle pas de mes stagiaires !
Le soir et le week-end, j’étais très souvent occupé à préparer, à prévoir mes formations, mes initiations, et même le déroulement à long terme des séances de RDAO, etc.. Heureusement que, parmi mes collègues, au bout de quelques temps, beaucoup avaient parfaitement compris de quoi il retournait, et se débrouillaient fort bien sans moi dans le domaine de la recherche documentaire informatisée.
Je pense à toute l’équipe de RDAO en particulier. Georges, le prof de physique, Jean Claude, le prof de maths, les collègues de techno, Bernard, Claude et Roger, Marie Jeanne, la collègue d’Histoire Géo, véritable missionnaire, bien trop tôt disparue..., et à beaucoup d’autres qui restèrent moins longtemps au collège, avec qui j’eus une collaboration voisine de la perfection. Je leur en garderai toujours une profonde reconnaissance, d’autant plus qu’au départ de chacune de ces activités, je ne savais pas trop vers où nous allions. Mais nous nous sommes fait confiance mutuellement et, dans ces conditions, cela devait forcément fonctionner..!!
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