Le partage de signets collaboratif, une architecture structurée pour le document de collecte ? Travailler l’écriture numérique collaborative par la sélection et la publication de ressources en ligne

(actualisé le ) par Florence Canet

En guise de préambule un point sur le partage de signets en ligne :

Le partage de signets en ligne (social-bookmarking) est une pratique qui permet de sauvegarder, organiser et commenter des pages Web dans une bibliothèque virtuelle permettant d’accéder à ses favoris en ligne. Ces bibliothèques virtuelles permettent de commenter les liens sauvegardés, ce qui leur donne une valeur ajoutée. L’indexation des ressources à l’aide de mots clés libres permet de préciser le contenu et de le caractériser. Les bibliothèques de partage de signets fonctionnent sur le modèle des réseaux sociaux afin de favoriser les échanges avec les autres internautes.

Les Signet, bookmark, marque-page ou favori sont des Pages web sélectionnées et enregistrées par un internaute.
Le Social-bookmarking ou partage de signets est une pratique qui consiste à partager, sauvegarder et organiser à l’aide de mots clefs des favoris pour une utilisation ultérieure.
Les Bibliothèques de signets sont des espaces de stockage et d’organisation des signets

Utiliser les bibliothèques de signets comme un carnet de bord collaboratif en TPE

J’utilise ces bibliothèques virtuelles de stockage dans mes pratiques personnelles et professionnelles depuis maintenant plus de 4 ans. Il m’a semblé pertinent de le proposer à mes élèves dans le cadre des apprentissages info-documentaires lors des Travaux Personnels Encadrés. Les élèves doivent travailler par groupe de trois et rédiger un dossier.
Les besoins initiaux exprimés par les enseignants et qui m’ont conduit à leur proposer l’utilisation de Diigo sont les suivants :

  1. Une tendance des élèves à pratiquer le copier - coller
  2. Pas de réelle appropriation des contenus (visible lors de l’oral)
  3. Des difficultés liées au travail de groupe (motivation, absence…)
  4. Une difficulté des enseignants qui voient les élèves une semaine sur deux à suivre les travaux des élèves et à assurer une cohérence dans le suivi

Les TPE sont un dispositif qui permet aux élèves de travailler en groupe ce qui les confronte souvent à des difficultés qui relèvent de la mutualisation des ressources, la faculté à communiquer, des baisses de motivation ou encore des difficultés pour l’enseignant d’évaluer la démarche de recherche.

Les bibliothèques sont publiques et consultables par tous ce qui favorise le partage des ressources et le travail collaboratif entre les étudiants d’un même groupe ainsi que le suivi à distance par les enseignants pour les guider au plus près de leurs démarches info-documentaire. L’utilisation du partage de signets à permis de mettre en avant la valeur collaborative et de rendre concrète la notion d’intelligence collective.

Quels enjeux info-documentaires ?

La pratique du partage de signets matérialise plusieurs étapes de la recherche d’informations dans un seul et même outil.
Les tâches :
• de sélection,
• de validation par un commentaire ou une annotation
• d’indexation des ressources par des mots clefs libres
permettent de rendre visible la plus-value documentaire apportée par l’élève et attendue par les enseignants.
Dans ce projet Diigo est un document de collecte collaboratif : un espace de stockage de ressources au service de la collaboration.
Bibliothèque d'un groupe d'élèves travaillant sur la cogénération.
Bibliothèque d’un groupe d’élèves travaillant sur la cogénération.

Cette capture d’écran rend visible l’action de l’élève sur la ressource numérique. Comme sur une ressource papier il peut agir dessus et « hacker l’information » en surlignant, annotant, commentant ce qui lui permet de s’approprier l’information, structurer sa pensée et transmettre à ses camarades une information avec une valeur ajoutée. Ces annotations sont des actes de communication en plus d’être des marqueurs de lecture. Elles ont une fonction d’interprétation, de hiérarchisation, et sont essentielles pour construire une géographie informationnelle collective. La catégorisation des ressources au sein des bibliothèques de signets en ligne, via l’indexation ou les commentaires, peut également aider à la conceptualisation et à l’appropriation du contenu des ressources par les apprenants.
La plateforme s’apparente à un véritable carnet de bord collaboratif et interactif. Chaque membre du groupe élèves a accès en temps réel à toutes les ressources collectées et traitées par ses camarades, il peut également voir les commentaires des enseignants et interagir avec eux. Cette co-exploration du Web entraine une implication forte des membres d’un groupe.

Les enjeux info-documentaires sont nombreux : appréhender les flux informationnels, sélectionner et organiser les ressources, prélever l’information pertinente, justifier ses choix, valider les sources, communiquer. Toutes ces compétences mises en œuvres sont au service des apprentissages et de la conceptualisation. Pour faire écho avec des compétences didactisées milieu scolaire nous pouvons dans ce projet évaluer les compétences du nouveau B2i lycée :
• Construire des identités adaptées aux différents contextes (public, privé, professionnel, personnel).
• Communiquer travailler en réseau et collaborer
• Participer à une production numérique collective (site collaboratif, wiki, etc.) dans un esprit de mutualisation, de recherche ; choisir des stratégies collaboratives adaptées aux besoins.

L’activité permet de responsabiliser les élèves dans leurs publications sur la toile en les formant à l’usage de médias sociaux ainsi que de les faire s’interroger sur leurs pratiques numériques personnelles.

Lancez-vous !

Les bibliothèques virtuelles de signets sont des annexes de la mémoire. Elles permettent de sauvegarder, organiser, annoter les informations pertinentes collectées sur le web. Elles favorisent la collaboration et le suivi à distance grâce aux fonctionnalités du web social. Ces technologies numériques permettent de prolonger les apprentissages et le lien pédagogique hors la classe et hors le temps scolaire.
Michèle Dreschler dans la conclusion de sa thèse sur les pratiques du social bookmarking dans l’éducation souligne que ces bases de signets ne sont pas de simples "magasins » de ressources. Elle ajoute en se référant à Pierre Lévy, que l’enregistrement des données n’a pas de valeur en soi. Ce qui vaut plutôt, c’est « l’intelligence collective qui s’en nourrit et qui aboutit à une mobilisation effective des compétences... »

Pour aller plus loin :

- Atelier réalisé dans le cadre de Ludovia 2013 qui reprend ce projet pédagogique http://fr.slideshare.net/cdidegaulle/diapo-atelier-ludovia-2013

- Les usages pédagogiques du social bookmarking http://espace-cdi.ac-toulouse.fr/spip.php?article35

- Le partage de signets pour la collaboration et l’apprentissage – Agence des TICE http://www.cndp.fr/agence-usages-tice/que-dit-la-recherche/le-partage-de-signets-pour-la-collaboration-et-l-apprentissage-60.html

- Des tutoriels :
http://espace-cdi.ac-toulouse.fr/spip.php?article85
http://www.sites.univ-rennes2.fr/urfist/ressources/gerer-ses-signets-en-ligne-avec-diigo-approfondissement

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