Lu, vu, su au CDI : quelles implications pédagogiques ?

(actualisé le ) par Marion Carbillet

La pensée des trois dimensions du document (vu, su lu) du collectif Roger T Pédauque et sa proposition d’extension par Jean Michel Salaün à l’analyse des stratégies industrielles des géants du web nous offrent sans doute autre chose qu’une possibilité de penser nos outils. Ce sont peut être de nouvelles pistes pédagogiques, de nouveaux espaces d’enseignement qui s’ouvrent à nous.

Je propose un point réflexif provisoire dans une réflexion en construction sur le « lu, vu, su » au CDI, réflexion collective dont on peut voir l’évolution sur le pinterest collaboratif (et ouvert à tous !) consacré au sujet.

Le triptyque « mise à disposition, mise en valeur, partage » nous semble tout à fait pertinent pour analyser la façon dont nous utilisons nos outils. Ces clés de lecture, associées à la notion de point d’ancrage donnée par Magalie Bossuyt, semblent opératoires pour lutter contre le sentiment de dissémination et de redondance que nous avons parfois par rapport à nos outils.

Mais, plus encore que cela, les implications sont multiples et trouvent un réel sens pédagogique.

Tout d’abord, la multiplication des outils proposés aux élèves est intéressante dans la mesure où cela permet la multiplication des situations d’apprentissages de la littératie numérique telle que définie par Pierre Fastrez et recoupant les compétences : lire, écrire, organiser, naviguer avec les trois aspects des médias : informatique, informationnel et social. Car l’outil n’est jamais l’objectif de l’apprentissage, il est un moyen, parfois très motivant pour apprendre à lire, écrire (cf annotations sur scoop.it), organiser (cf gestion de bibliothèque commune sur diigo), naviguer (cf passage d’un tableau à l’autre sur pinterest), etc. Les exemples ne manquent pas.
Et comme notre enseignement a pour but de préparer nos élèves à l’imprévisible, il semble pertinent de leur proposer des situations chaque fois différentes pour leur apprendre à mobiliser des connaissances multiples lors de l’appréhension d’une nouvelle situation.

Une seconde piste se trouve dans environnement numérique dans lequel nous évoluons. De plus en plus les sites nous proposent ces trois aspects de lu, vu,su et développent au maximum les deux derniers dans une logique de captation de l’attention d’un public toujours plus mouvant.
Il suffit de voir comment les journaux développent des tableaux pinterest comme Le Courrier international ou Le Monde pour voir comment sont utilisées les clés de l’attraction par le vu et le su (design et recommandation). Les mêmes journaux proposent des liens facebook, google+ et twitter sur leur page d’accueil, dans la même logique de captation du public.
Il est possible de montrer ces logiques aux élèves (la semaine de la presse est une belle occasion !) ou mieux, de les faire participer à cette logique en leur proposant par exemple :
- de réfléchir à la pertinence des ressources dans la base documentaire sur un sujet d’actualité (Lu)
- de travailler le design, de choisir eux même ou de fabriquer des images, des pictogrammes, des nuages de tags à insérer sur un portail (Vu)
- de participer à un travail de recommandation sociale (Su)
Voici quelques pistes parmi d’autres qui sont peut être pertinentes pour former leur regard à la nouvelle donne informationnelle.


Pour aller plus loin :

- Les articles d’Arnaud Mercier sur Obsweb, et en particulier : « Pinterest pour s’insérer dans l’écosystème du partage social et du flux d’informations » et « Pinterest un outil pour approfondir le traitement visuel des informations »

- Les deux brèves de Docs pour docs sur le sujet
« Vu, lu, su » notes de lecture
et Penser la multiplicité des outils utilisés au CDI : le Lu/Vu /Su, une solution aux sentiments de redondance et de dissémination ?