J’ai déjà parlé des travaux associés à la lecture assistée par ordinateur, j’aurais peut être l’occasion d’en reparler, mais il me faut aussi dire un mot d’une autre activité qui fonctionna sans discontinuer une quinzaine d’année. En effet, je considère que mon travail au CDI du collège de La Grand Combe a atteint son plein rendement entre 1983 et 1997. Après cette date, simultanément, je fus en CPA d’une part, et le collège avait été démoli et rénové entièrement d’autre part, sans que les cours cessent dans le même bâtiment, ce qui causa un véritable séisme pour les activités du CDI. J’en reparlerai.
Cette autre activité, c’était les tables rondes de lecture, qui venaient pour ainsi dire en soutien de la lecture assistée par ordinateur. J’avais mis ce travail en place, à l’origine, avec la collaboration de plusieurs collègues de français. Il s’agissait de faire présenter un livre par un élève, à tous ses camarades de la classe. Ensuite, on organisait une discussion autour de ce livre. Cette façon de procéder présentait des imperfections car il était bien sûr, impossible de faire intervenir plus de trois ou quatre élèves à l’heure.... et il n’y avait aucune trace écrite de ce travail, ce qui à l’époque était considéré comme un défaut conséquent. C’est d’ailleurs toujours mon opinion, et d’ici que ça change, les volailles auront des canines.
C’est pourquoi, très rapidement, nous nous sommes attelés à la rédaction de fiches de lecture, qui permettaient aux élèves d’avoir sous la main un guide de lecture, et, une fois remplies et remises, ces fiches permettaient une véritable notation de cette activité, qui venait en plus des notes orales. Cela se passait tous les quinze jours, de ce fait chaque élève avait une note toutes les quinzaines, plus une note d’oral chaque fois que l’élève présentait son livre...
Ce travail suscita un véritable engouement parmi les élèves, tellement que j’envisageais et que je mis effectivement en place un concours de lecture inter classe et inter niveau, basé sur ce système. Cela se plaçait sur les bases du volontariat. Chaque élève pouvait retirer autant de livres qu’il le désirait, en plus de ceux requis par la table ronde.. Ensuite, il pouvait rédiger et remettre autant de fiches de lecture qu’il le souhaitait. Ces fiches supplémentaires, c’était moi même qui les corrigeais, et je mettais des notes. A la fin de l’année, je faisais une espèce de péréquation entre le nombre et la qualité des livres lus, la qualité de la fiche remise. Un jury se réunissait à la fin de l’année, composé de collègues de français, et distribuait des prix de lecture... Les gagnants se voyaient remettre de fort belles récompenses, genre encyclopédies, dictionnaires, etc.., mais tous les participants recevaient un livre. Il y avait une sorte de cérémonie au CDI, en présence des parents d’élèves, dont l’Association offrait les prix, en présence du CE, des collègues, des représentants de la municipalité, du Maire-Conseiller Général, des journaux locaux, etc... avec une espèce de solennité bonhomme. Les élèves étaient ravis. J’ai vu ainsi défiler de véritables phénomènes de lecture comme Virginie, qui a lu en quatre ans de scolarité tous les livres du CDI, et raflé tous les premiers prix, de telle sorte qu’à la fin, je dus la placer hors concours !! Mais il y en eut d’autres.
En dehors de cela, j’avais aussi organisé des séances avec des élèves moins doués pour la lecture, et qui posaient problème, notamment au niveau des classes de soutien. Alors là, c’était moi qui lisais, à haute voix, pour commencer. Je lisais des histoires à longueur de séance.. Mais quelquefois cela arrivait à payer...!
Un jour, je lus à l’une de ces classes la poésie de Victor Hugo qui s’intitule « Le cimetière d’Eylau ». Après l’inévitable brouhaha du début de lecture, les enfants écoutèrent dans un silence religieux jusqu’au dénouement final. Après quoi, j’eus tellement de questions qu’il me fallut improviser un véritable cours sur l’armée impériale et les guerres de Napoléon. Vu le succès de la chose, à l’heure suivante, je lus le récit de la bataille de Waterloo extrait des Misérables. Après la lecture, tous les gamins se mirent à fouiller livres et documents du CDI pour trouver des reproductions des costumes militaires de l’époque. Puis, je dus esquisser au tableau un schéma du champ de bataille, jusqu’à ce que certains élèves me ramènent une véritable carte trouvée dans un livre, à l’aide de laquelle ils se mirent à redessiner le tout en grand format, en plaçant relief, régiments et bataillons, Vieille Garde comprise. Cela dura plus d’un trimestre, et ce n’était plus moi qui lisais mais eux.. Je dois à la vérité de dire que je n’avais pas toujours un succès aussi flagrant, surtout dans un domaine historique aussi héroïque. Par contre j’ai eu un succès presque équivalent avec une classe de ce type en leur lisant un jour le compte rendu d’une course de motos au Castelet, me semble-t-il !! Cela déchaina un tel enthousiasme que j’eus droit pendant presque toute l’année à une débauche de travaux documentaires sur les motos de toutes les espèces possibles.
Comme je leur avais dit que je n’y connaissais strictement rien, ce qui est vrai, ils eurent à cœur de m’apprendre, me décrire et me dessiner par le menu toutes les finesses de la mécanique !! J’avoue, à ma grande honte, que malgré cet enseignement bénévole et acharné, je n’y comprends toujours rien aujourd’hui, ce qui prouve bien qu’on peut être mauvais élève à tout âge ! Il suffit de penser à autre chose pendant qu’on vous parle.
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