Un travail de qualité, s’il n’était l’omission de la communication d’Alexandre Serres.
Jean-Michel Le Baut, auteur de cet article, précise dans un tweet que "des soucis techniques expliquent quelques oublis, dans un compte rendu qui ne pouvait pas être exhaustif".
De quoi rester perplexe, il faudra y revenir. Mais avant cela, plus essentiel, il convient de rapporter les propos d’Alexandre Serres.
Alexandre Serres pose la question de l’évaluation de l’information, essentielle selon lui dans le cadre des apprentissages. Il cite Umberto Eco, qui, dans une entrevue donnée au Monde en 2010 (Entretien avec Umberto Eco :
« Je suis un philosophe qui écrit des romans »), précisait que, "à l’avenir, l’éducation aura pour but d’apprendre l’art du filtrage". Cet art du filtrage suppose trois entrées, technologique, sociale et éducative.
Il s’agit, selon Alexandre Serres, de proposer une "trousse à outils" contre les info-pollutions et contre la manipulation. Par ailleurs, il appelle à ce que soient tirées les leçons du renversement du modèle de validation, qui suppose de former les élèves à l’esprit critique, de sorte qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes, au-delà des apparences, contre le panurgisme si répandu sur les réseaux sociaux.
Alexandre Serres met en garde contre l’illusion techniciste et contre l’illusion sociale, posant la nécessité de relativiser les compétences informationnelles des élèves, qui s’avèrent en réalité très limitées. Ainsi les élèves ne sont pas autonomes devant les outils numériques.
Concrètement, Alexandre Serres propose de former à la complexité de l’information, ce qui sous-entend l’apprentissage de notions spécifiques, avec une progressivité dans les apprentissages, du collège au lycée, selon les savoirs informationnels enseignés. Il souhaite la définition pédagogique d’une translittératie qui rassemble "éducation aux médias" et "éducation à l’information", fondée sur une prise de responsabilité transversale de ces apprentissages, entre professeurs documentalistes et autres enseignants.
Ces propositions supposent, selon lui, trois mesures.
Il s’agit d’abord de construire un curriculum info-documentaire, au moins pour le collège et le lycée.
Il convient par ailleurs d’assurer un cadre d’apprentissages, avec une heure de formation hebdomadaire, sur chaque niveau du secondaire, assurée principalement par le professeur documentaliste, et dont la modalité (opératoire ?) serait la pédagogie de projet. Cette formation s’inscrit dans les réflexions élaborées par le GRCDI. Ce groupe de recherche a porté ses travaux sur la nécessité d’une co-construction entre éducation à l’information (EAI), éducation aux médias (EAM) et à l’informatique (EATIC).
Enfin, il propose d’encourager la réflexion collaborative entre les professeurs documentalistes et tous leurs partenaires. Pour réaliser ces objectifs, il en appelle à reprendre les travaux et la réflexion sur l’élaboration d’un curriculum info-documentaire.
Au moment de conclure, une question demeure au sujet des soucis techniques, convoqués pour expliquer l’absence de compte rendu pour cette intervention d’Alexandre Serres, la seule oubliée... Pourtant cette intervention s’inscrit en continuité des problématiques esquissées lors des tables-rondes précédentes par les chercheurs Serge Abiteboul et Jean François Rouet : Alexandre Serres apporte à cet égard une contribution essentielle sur la mise en œuvre de cette formation à l’évaluation de l’information, qui n’a pas échappé aux participants de ce colloque Le dernier ouvrage d’Alexandre Serres Dans le labyrinthe, l’évaluation de l’information sur internet a notamment été cité par Eric Delamotte, en introduction de la table-ronde finale.
Étant donné l’importance des propos d’Alexandre Serres dans ce débat, il nous semble que l’exhaustivité des interventions devait être rétablie, n’en déplaise à la ligne éditoriale du Café pédagogique.
Lire aussi la présentation de la contribution d’Alexandre Serres sur le site de la conférence nationale.
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