Qu’est-ce que l’Open Data ? Entretien avec Sandrine Mathon, chef de projet Open Data sur le Grand Toulouse

Que signifie l’intitulé de votre poste "chef de projet Open Data grand Toulouse" ?

La partie "chef de projet Open Data" n’est qu’une des facettes de mon poste. En effet, je suis chef du service Administration à la Direction des Systèmes d’Information mutualisée entre la Ville de Toulouse et Toulouse Métropole. Concrètement, j’assure l’encadrement opérationnel de la partie budget/comptabilité de la DSI, les marchés publics, la formation des agents de la DSI, le secrétariat de la direction, l’animation de l’intranet de la DSI et à titre personnel, les fonctions juridiques : protection des données personnelles, ouverture des données publiques, points sur l’ensemble des problématiques juridiques informatiques pour la double collectivité.
Le coté "chef de projet" consiste, pour l’ouverture des données publiques, l’Open Data donc, à impulser et à faire en sorte que le projet se déroule au mieux selon les orientations prises avec le groupe projet et la direction de la collectivité.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis juriste, c’est à dire que j’ai fait des études de Droit, public et communautaire, à l’Université Robert Schuman de Strasbourg. Je suis ensuite partie travailler à la CNIL à Paris. J’étais Attachée à la Direction Juridique sur l’ensemble des problématiques liées au monde du travail et aux relations employeurs/employés que ce soit dans le secteur privé ou dans la fonction publique. C’est ainsi que je me suis plus particulièrement intéressée au recrutement ainsi qu’au contrôle des salariés qu’il s’agisse des prémices de la biométrie, des contrôles d’accès mais également de la Cybersurveillance par le rapport publié en mars 2001. En 2002, pour des raisons familiales, j’ai quitté Paris et la CNIL pour venir m’installer à Toulouse et ai commencé à travailler pour la Mairie de Toulouse.

Qu’est-ce que le mouvement de l’Open Data ? De quand date-t-il ?

Le mouvement Open Data, fait partie de ce que l’on appelle aux USA l’"Open Gouverment" instauré par l’administration Obama mais qui préexistait dans la société civile depuis une dizaine d’années. Il s’agit tout simplement de favoriser l’ouverture et la transparence de la fonction gouvernementale. L’Open Data, ou ouverture des données publiques, consiste à permettre à tout un chacun de prendre connaissance et de s’approprier des données collectées par les administrations publiques afin de remplir leurs missions. En France, ce mouvement anime depuis 2010 les collectivités territoriales et les administrations centrales, consistant pour les entités publiques à mettre l’’ensemble de leurs données, non protégées par ailleurs, à la disposition de tous les publics.

Cette libération des données a pour but une plus grande transparence démocratique ainsi qu’un important gain de croissance car elle facilite, notamment pour les entreprises de la filière numérique, le développement d’’applications utilisant ces données comme matériaux de base.

À Toulouse, comment s’est construit le projet ? Est-ce que cela ne concerne que la ville même de Toulouse ?

Les collectivités toulousaines (la Communauté Urbaine du Grand Toulouse et de son agglomération et ses communes membres), au-delà de l’obligation légale qui est la leur, ont décidé de libérer leurs données. Elles partent du constat que l’ouverture des données va créer entre les collectivités et les citoyens une relation nouvelle, qu’il s’agit d’’une opportunité économique pour le tissu très riche en entreprises innovantes de Toulouse

La Mairie de Toulouse a délibéré en ce sens le 23 septembre 2011 , la Communauté Urbaine du Grand Toulouse le 29 septembre. D’autres communes et partenaires s’inscrivent également dans cette dynamique prochainement.

L’’annonce publique de l’’ouverture du portail Grand Toulouse Data a été faite au cours de la Novela le 22 octobre 2011.

Notre démarche :

Le projet « Grand Toulouse Data » a démarré à la fin du premier trimestre 2011. Il a été souhaité donner rapidement les outils nécessaires à la libération des données publiques toulousaines en commençant par le choix de la licence sous laquelle les données seront réutilisables. Le choix des jeux de données candidats à l’’ouverture est fait de façon pragmatique en commençant par celles immédiatement disponibles, d’’autres viendront enrichir le panel au fur et à mesure.

Les données (66 jeux à ce jours, mais beaucoup sont en préparation) concernent, la Communauté Urbaine, la ville de Toulouse, Tisséo avec les horaires de bus en temps réel, les communes de Balma, Seilh, Gratentour, Saint Jory, Colomiers et Aucamville : il s’agit d’une démarche communautaire. Cela concerne aussi La Poste qui est partenaire ainsi que prochainement, l’Office du Tourisme.

Concrètement, qu’apporte l’Open Data dans la vie quotidienne des toulousains ?

De façon un peu iconoclaste, cela n’apporte rien directement ! En revanche, ce qui apporte, ce sont les applications, que des développeurs informatiques qu’ils soient indépendants ou des entreprises préexistantes, ont construites sur la base des données libérées.

Quelques exemples :

- l’application Toilettes Toulouse, pour savoir où se trouve les sanisettes (toutes gratuites !) les plus proches.

- l’application Bus 31 qui vous donne l’horaire de passage des 2 prochains bus en temps réels sur vos arrêts favoris : pratique pour savoir s’il faut courir vite, ou très très vite pour avoir une chance d’avoir son bus, ou au contraire si on a le temps ...

- l’application Coovia, qui va sortir prochainement, et qui a remporté le grand prix lors du concours Open Data que nous avions organisé pour les 1 an de l’ouverture du portail : ce système permettra de prévoir du covoiturage en temps réel.

Quel avenir se profile pour l’Open Data ? Voit-on actuellement de nouveaux métiers émerger ?

L’avenir pour l’Open Data, c’est d’être demandé par défaut aux administrations. C’est ce qui est prévu dans la feuille de route du gouvernement publiée début mars. C’est à dire que toutes les administrations devront ouvrir leurs données qui ne sont pas protégées par ailleurs (c’est à dire : qui ne sont pas des données à caractère personnel ou qui ne remettent pas en cause la sécurité ou des secrets industriels).

Il y a déjà de nouveaux métiers : data journalistes, data designers ... mais aussi tous les métiers informatiques qui existent depuis longtemps et qui trouvent un nouveau terrain de jeu pour s’exprimer : codeurs, web designers, développeurs, administrateurs, chefs de projets ...

Pour plus d’informations sur le sujet, consultez le scoop.it de Sandrine Mathon : http://www.scoop.it/t/e-administration

En fichier-joint, une publication destinée aux contributeurs de l’open data Grand Toulouse.
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P.-S.

Nous remercions Sandrine Mathon pour avoir répondu avec tant de bienveillance à notre demande.

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